L’électricien est passé pour le bilan électrique /énergétique du bateau Quatre-vingt Euros Brel l’a dit « faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou » Suis allé courir sur les collines compliquées qui surplombent le port, le bonheur terrien tant que c’est possible ayant saisi le plaisir mais aussi les limites de la glandouille. Belle découverte à septante passés.
Les amis : Henri, Marie-Christine et leurs enfants sont gentiment venus nous dire au-revoir.
En route pour l'aventure !... elle sera brève !
Mais le bateau de Baptiste fume énormément, beaucoup trop !...
Après une préparation d’un mois à St CHAMAS entre les soupes de vieux avec Baptiste le mistral entêté et Cédric mon charmant électricien et les essais de TIMOUN sur l’étang : toute cette période est rapportée dans mon journal qui se trouve sur l’ordinateur dans TIMOUN qui dérive quelque part en méditerranée entre Baléares Sardaigne Algérie et Tunisie…
Baptiste, lui, abandonne sur l’étang de Berre : radio en panne et moteur qui fume.
Je continue au moteur en slalomant entre les filets qui recouvrent l’étang. Le pont ouvre à 16h45 comme prévu et je m’engage dans le golf de Fos. Au moteur puis à la voile dans la nuit noire avec seulement de temps à autre quelques gros bateaux pleins de lumières. Le vent forcira pendant la nuit. Je me repose dans le cockpit puis dans le carré et je finis avec le foc seul vent ¾ arrière et mer qui grossit et après un bon somme au matin blême je me réveille essoufflé et avec un mal de mer carabiné et je n’ai que l’image de vagues impressionnantes qui me roulent violemment. Sans réfléchir plus avant aux conséquences, je me jette sur les moyens de secours, c’est la sidération, c’est un autre moi qui agit, un animal apeuré qui appelle au secours, je crois n’avoir jamais connu une telle trouille, même en conditions difficile en haute montagne.
Tel satellite d’abord puis radio, les secours sont vite en place, grâce au point GPS que je fournis (je ne me souviens même plus comment !...)
Quelques minutes après un avion me survole pour me repérer puis l’hélicoptère arrive.
Un plongeur en descend et tente de monter à bord mais, ayant rien compris - j’ai supposé ensuite que le sauveteur voulait constater mon état - je place un bout avec bouée du mauvais coté et je ne pense même pas à descendre l’échelle ; conclusion, le sauveteur ne parvient pas à monter à bord (le bateau avance !) et après un geste de dépit, remonte dans l’hélicoptère tracté par le câble.
En conséquence on me demande à la radio depuis l’hélicoptère de gonfler mon gilet et de me jeter à l’eau. Et aussi de mettre l’essentiel dans un sac étanche ce que je fais, mais, ne sachant pas ou le placer (j’aurai pu le mettre dans ma salopette !) je le laisse devant la descente (incorrigible rêveur : pensais-je récupérer mon bateau ?).
J’ai enfin pu vomir et je me sens mieux, l’envie d'arrêter mon sauvetage m’effleure, mais que vont –ils penser de moi ? la honte m’envahit, j’y renonce.
Je gonfle le gilet, je me jette, l’eau est froide, le sauveteur redescendu sur son câble, m’enserre de ses bras en me passant une ceinture et nous montons ainsi enlacés, tractés par le câble, dans l’hélicoptère.
Et me voila dans cet hélicoptère assourdissant équipé d’un casque pour dialoguer avec les militaires de Toulon, sauveteurs très professionnels, qui me prennent en charge, me déshabille, le stress disparaît instantanément et le bien-être m’envahit.
Quand l’hélico atterrit sur le toit de l’hôpital de Toulon le vent est tombé (la tramontane est très localisée dans le golfe du lion).
Et tous ils rigolent quand je saute directement de l’hélicoptère sur le lit roulant sans passer par la case escalier… Arrivé à l’hôpital on m’habille on me nourrit et on me loge je n’ai plus rien je suis à poil. Nu et sans papiers.
Et à l'heure où j'écris ces lignes (22/01/2019) Timoun dérive toujours en méditerranée, ouvert et sous pilote.
Pourtant à l'hôpital j'y croyais encore je me voyais transformant mon programme en tour de méditerranée avec Baptiste.
Ecrit à chaud à l’hôpital :
Apres une baisse spectaculaire de moral c’est le rebond non moins spectaculaire ce matin. Je fourmille de projets et mon énergie semble réapparaître : "ce qui ne te tue pas te rend plus fort". En résulte une belle réflexion sur l’impermanence des êtres ; nous sommes uniques et périssables ne l’oublions pas.
Dans ces circonstances l’amour qui m’entoure se manifeste et m’aide beaucoup à refaire surface, car je suis sonné même si j’ai du mal à l’admettre.
On n’imagine pas dans le quotidien l’absence des êtres chers. "Les morts sont tous des braves types" Brassens dixit.
Mais foin d’amertume la vieillesse doit être toute douceur et le souvenir à laisser aux vivants - ceux qui vont demeurer dans la beauté des choses – doit être ensoleillé. C’est quand on est sur le point de quitter ce monde qu’on mesure à quel point, malgré tout, il fut beau et peuplé d’êtres bienveillants.
Le dilemme unique serait-il de s’ennuyer ou de se mettre en danger ?
Et puis Alice et Micheline n’ayant pas pris le ferry qui devait les conduire à Majorque où je devais les retrouver sont venues me soutenir à Saint Chamas. Nous y avons étés hébergés une semaine sur le bateau d’un copain de Baptiste, secoués toutes les nuits par un mistral d’enfer dans ce port mal protégé, semaine durant laquelle la croyance que je retrouverai mon bateau s’est envolée peu à peu, de coups de téléphone en démarches infructueuses.
A Saint Chamas habillé par l’hôpital en « vieil arabe » selon Alice. Je trouve le réconfort de mes chéries…
Saint-Chamas, son port et l’étang de Berre toujours plein de charme malgré les circonstances…
...A suivre
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